• Dans son réalisme misérable

    Dans son réalisme misérable, le tableau de cette ruine que Léo Drouyn nous a transmise nous donne un remarquable témoignage de ce que ce vénérable monument est devenu cinquante-cinq ans après le départ des derniers moines [13]

    L’abbé Pradier, dans son humble mais riche petit livre sur les monuments de Brantôme (1898, Imprimerie de la Dordogne à Périgueux) nous fait vivre l’agonie des dernières semaines du monastère [doc. II] ; nous ne retiendrons ici que la dernière cérémonie qui se déroula solennellement dans cette église le 15 avril 1791, en en évoquant seulement rapidement les circonstances (nous réservant de revenir ultérieurement sur cette belle page d’histoire)

    elle trouva sa justification dans la célébration de la mort de Mirabeau (survenue subitement au faîte de sa gloire le 2 avril précédent) ; les « citoyens » de Brantôme, félicités de leur initiative, célébrèrent ainsi dans leur « grande église » un dernier service (funèbre) officiel, clôturant des grandes heures de leur abbaye dont ils voyaient bien que la fin était

    irrémédiablement programmée. Dès le 18 mars précédent déjà, les objets d’argent, dont les scellés avaient été levés, avaient été envoyés à Périgueux, et l’ordre donné d’afficher la vente des effets mobiliers (qui commencera le 18 avril) ; de plus, les deux derniers « ex-religieux », les « sieurs » Chalus et Richard, désirant se retirer, remettent les vêtements, livres et objets nécessaires au culte, qui leur avaient été laissés

    Mais lorsqu’en 1846 Léo Drouyn est passé par Brantôme - ce dont il nous a laissé des détails aussi remarquables ! - déjà l’abbé Audierne, délégué par le Conseil général, était venu faire un rapport qui allait sauver l’abbaye ; la machine administrative de la rénovation était déjà en marche (Prosper Mérimée, Viollet-le-Duc, Abadie passent apprécier les travaux…). Et dès le 3o décembre 1858, Mgr George, évêque de Périgueux, assisté du généreux et saint curé Manet, venait bénir cette antique église redevenue église paroissiale, comme avant Pépin le Bref…


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :